La civilisation : une masculinité hégémonique

Il est couramment admis que la civilisation a vu le jour en Mésopotamie, au IVe millénaire avant notre ère, dans l’actuel territoire de l’Irak. Là, des villages primitifs se sont agrégés pour former une cité, la ville d’Uruk. Cette « haute civilisation urbaine, complexe et originale […] inventa l’écriture, l’État, la religion1 » et le patriarcat.

Le corps possédé 

L’épopée de Gilgamesh, le plus ancien texte littéraire connu de l’ancienne Mésopotamie, relate la quête d’immortalité du roi d’Uruk, descendant d’une longue lignée de souverains. Gilgamesh verse sans vergogne dans la démesure, il asservit hommes et femmes, abuse des jeunes filles et s’accorde un droit de cuissage. Pour mettre fin à son hubris, les dieux modèlent Enkidu, l’homme sauvage :

« Abondamment velu par tout le corps, Il avait une chevelure de femme,
Aux boucles foisonnant comme un champ d’épis.
Ne connaissant ni concitoyens, ni pays,
Accoutré à la sauvage,
En compagnie des gazelles, il broutait ;
En compagnie de (sa) harde, il fréquentait l’aiguade ;
Il se régalait d’eau en compagnie des bêtes2. »

Enkidu est né dans la steppe et vit en compagnie des bêtes, qu’il protège des pièges tendus par les chasseurs. Un jour, Gilgamesh part à sa rencontre en compagnie de Shamhat « Lajoyeuse », une « prostituée sacrée » ou prêtresse de Inanna (Isthar pour les Babyloniens), la déesse de l’amour et de la guerre. Shamhat, vouée au mystère sacré de l’union érotique et sexuelle3, est offerte six jours et sept nuits à Enkidu. La relation sexuelle affranchie de la reproduction et du mariage, « l’art de l’amour raffiné », « de l’amour libre4 », opposée à un simple accouplement, est l’acte initiatique par lequel Enkidu est intronisé à la civilisation. Il n’appartient plus, désormais, au monde sauvage, et les animaux, ses anciens compagnons, se détournent de lui. Pour parachever l’éducation d’Enkidu, Shamhat lui apprend à manger du pain, boire de la bière, s’habiller, parler.

Enfin civilisé, Enkidu se lie d’amitié avec Gilgamesh et l’accompagne jusque dans la Forêt des Cèdres, forêt aux arbres sacrés où vivent les dieux. Ils tranchent la tête de Humbaba le protecteur de la Forêt des Cèdres, et repartent avec un des plus grands cèdres de la forêt. Pour les punir, les dieux condamnent Enkidu à la mort. Malade, il accuse Shamhat d’être responsable de sa perte et la maudit avant de mourir :

« Viens, courtisane, que je te dise (quel sera) ton destin…

Et que je te maudisse d’une grande malédiction…

Jamais tu ne construiras de foyer heureux :

Jamais tu ne t’introduiras dans un harem,

La lie de bière souillera ton beau sein ;

De son vomi, l’ivrogne éclaboussera tes atours…

Tu logeras dans la solitude

Et tu stationneras dans les renfoncements du rempart :

Ronces et épines déchireront tes pieds,

Ivrognes et soiffards pourront te souffleter…5 »

En maudissant Shamhat, Enkidu maudit toute femme qui se voue à « l’amour raffiné », cet amour qui civilise l’homme, le mâle, mais dégrade la femelle. Gilgamesh n’hésite d’ailleurs pas à offenser la déesse de l’amour Inanna :

« Non, je ne veux pas de toi pour épouse !
Car tu n’es qu’un fourneau qui s’éteint au froid ;
Une porte branlante qui n’arrête ni courants d’air, ni vents ;
Un palais qui s’écrase sur ses plus braves défenseurs,
Un éléphant qui jette bas son harnachement ;
Un morceau de bitume qui souille qui le touche ;
Une outre qui se vide sur son porteur6. »

La femme qui offre ou vend son corps pour satisfaire le plaisir sexuel des hommes est méprisable, elle ne mérite pas de foyer et est livrée aux brutalités des hommes7. Ce qui civilise le mâle, la relation sexuelle déliée du mariage et de la reproduction, est ce qui dégrade la femelle humaine. Pour être civilisé, l’homme doit posséder la femme au sens symbolique et figuré. Sous les règnes des rois mésopotamiens, divinité et pouvoir royal sont dévolus aux hommes. La perpétuation de la filiation divine et royale implique de contrôler le corps des femmes et sa progéniture. C’est ainsi que le contrôle de la sexualité de la femme au bénéfice de l’homme est indispensable à la civilisation : « elle (la déesse Inanna) vient donc trouver Enki dans sa cité méridionale d’Éridu, et, comme il s’est éméché quelque peu en banquetant pour l’honorer, elle lui soutire son trésor. Parmi le catalogue de ce dernier, voisinant avec le Pouvoir royal, la Vie de Famille, l’Agriculture, l’Élevage et l’ “Industrie” en leurs diverses techniques et productions, les Arts, l’Exorcisme — pour chasser le mal — et l’Écriture, se trouvent non seulement le Commerce sexuel, mais aussi la Prostitution, tant féminine que masculine, détaillée en trois ou quatre rubriques. Cette institution représentait donc, aux yeux des auteurs et des lecteurs du mythe, un véritable acquis de la haute culture, un progrès, un mieux-être, une “invention”, bien faite pour rendre la vie plus facile, plus agréable et plus épanouie8. » Une vie plus épanouie pour le mâle, le masculin, non pour la femelle, le féminin. Les hommes prostitués, les cinèdes et invertis, existaient aussi en Mésopotamie, mais ils occupaient toujours le rôle passif de la femme, étaient considérés comme efféminés (sinnišânu) et portaient parfois même des noms de femmes. Le maître pouvait également abuser de ses serviteurs, les catamites, homosexuels passifs. Bien que les esclaves personnels ne puissent être qualifiés stricto sensu de prostitués, le corps de l’esclave étant une marchandise, il n’y a pas « d’échange économico-sexuel9 », ils participent malgré eux au développement de l’État proxénète. La prostitution des hommes montre bien que si les rapports de pouvoir ne sont pas toujours des rapports de sexe (homme/femme), ils s’expriment néanmoins toujours comme des rapports de genre (masculin/féminin), le dominant étant toujours le masculin.

« Le genre est un élément constitutif des relations sociales fondé sur des différences perçues entre les sexes, et le genre est une façon première de signifier les rapports de pouvoir10. »

« Le genre est en quelque sorte “le sexe social” ou la différence des sexes construite socialement11. »

Le dualisme mâle/femelle et son corollaire masculin/féminin, instaurant l’asymétrie de genre, est au cœur de la cosmogonie civilisationnelle :

« La croyance que la “différence sexuelle” est une différence fondamentale, un socle naturel produisant deux principes, féminin et masculin, sur lesquels la société peut et doit s’appuyer, est aussi vieille que notre civilisation historique – on la retrouve dans la Grèce antique – et partagée par d’autres civilisations historiques (par exemple le yin et le yang, bases de la philosophie et de la médecine chinoises), et elle est toujours actuelle12. »

Le stigmate de la putain serait-il le mythe fondateur de la civilisation ?

« La menace du stigmate de la putain agit comme un fouet qui maintient l’humanité femelle dans un état de pure subordination. Tant que durera la brûlure de ce fouet, la libération des femmes sera un échec13. »

Les hommes possédaient en droit des épouses, avaient des concubines, des maîtresses, et exerçaient généreusement leurs capacités amoureuses. Quant aux femmes, soit elles étaient vouées à un mari en vue de la reproduction, soit, en cas de stérilité, à une divinité. Le Code de Hammurabi, daté de 1750 av. J.-C., fait référence à une hiérarchie de prêtresses sacrées. Les plus pauvres vivaient dans la région des remparts, à la périphérie du centre urbain, ou dans « l’estaminet (aštammu, bit aštammï), qui tenait de l’auberge, mais jouait aussi le rôle de nos cafés de village, et presque de nos lupanars de quartier, où l’on buvait et s’amusait à son gré14 ». Elles se retrouvaient en compagnie d’autres marginaux, tels que les invertis pauvres et sans protection, les sorciers, les fous, les excentriques, les visionnaires, les anormaux.

La civilisation, le développement urbain, que Gordon V. Childe n’a pas hésité à qualifier de révolution urbaine, est l’acte fondateur du patriarcat :

« Sortir des lois du mariage, l’amour libre le seul vrai amour. C’était une activité aussi normale et saine que le manger et le boire ; et, comme le manger et le boire lorsqu’ils dépassent la simple satisfaction de la nature pour se hausser jusqu’au recherché, au raffiné et à l’art, c’était une activité noble, digne d’admiration et d’émulation, et bien propre à compter parmi les conquêtes les plus avantageuses du génie civilisateur15. »

Rome doit sa fondation au viol de Rhéa Sylvia par le dieu Mars. Vestale, vouée à la virginité par son oncle Amulius, met au monde Rémus et Romulus, qui seront nourris par une louve et Acca Larentia. Tite-Live apporte une précision importante : « cette Larentia était une prostituée à qui les bergers avaient donné le nom de louve16. » Plutarque corrobore cette version : « Les Latins appelaient louves les femelles des loups, mais aussi les prostituées17.» À Rome, bien que la prostitution soit infamante, une fête est dédiée à Acca Larentia, peut-être pour célébrer le don qu’elle fit à la cité, faisant de la première lupa romaine un modèle de générosité pour les prostituées en mettant son corps puis sa richesse au service des hommes et de la patrie. Les murs de Pompéi gardent les publicités des prostituées proposant des fellations à des prix dérisoires.

En Grèce, au IVe siècle avant J.-C, Solon légalise les bordels, qu’il considère comme bénéfiques pour l’ordre social. Des esclaves et des enfants d’esclaves sont achetés au profit d’une clientèle exclusivement masculine. En Chine ancienne, les parents les plus pauvres vendent leurs filles qui recevront une éducation raffinée afin de devenir des prostituées de luxe, les pieds bandés pour satisfaire le sadisme des clients-prostitueurs qui paieront cher leur virginité. D’abord louées à prix d’or, elles sont ensuite vendues à des bordels une fois considérées trop vieilles, ou abandonnées dans les rues18.

La prostitution est connue dans toutes les civilisations antiques, Uruk, Alexandrie, Athènes, Éphèse, Chine, Japon, Rome, Pompéi. Hommes, femmes, enfants quand ils ne sont pas esclaves au service du maître, se tiennent dans les parcs, près des portes d’accès aux cités, dans les bordels et les tavernes, derrière les tombeaux ou au sein même des armées. Le développement urbain semble donc aller de pair avec une conceptualisation du sexe défini par et pour les hommes qui usent à leur guise des corps des esclaves et des prostitués, légitimant, sous couvert de raffinement érotique ou amoureux, la traite des êtres humains à des fins d’exploitation sexuelle.

Si les prostituées évoluent dans l’espace public, l’espace de la « femme honnête », la matrone, la génitrice, est la sphère privée, laquelle offre une protection à la femme en échange de sa soumission au pouvoir du patriarche, dérivé du grec patriarkhês, au sens de « chef de famille ».

La « glorification des mères » : matrice de l’État

Toutes les civilisations ont valorisé l’image de l’épouse et de la mère, divisant ainsi les femmes en bonnes et mauvaises. Cette division a permis aux hommes l’appropriation sociale des femmes :

« la mobilisation de la classe des femmes au service de celle des hommes passe par l’appropriation (collective et privée) de leur individualité matérielle, corporelle : ce n’est pas la seule “force de travail” des femmes qui est appropriée par le mari-père, c’est la femme elle-même19. »

En Mésopotamie, « le destin de la femme, comme femme, c’était de mettre au monde et d’élever des enfants selon le modèle choisi du mariage et de la famille patriarcale : elle était donc faite pour devenir l’épouse d’un homme, d’un seul, et la mère de ses enfants20 ». La femme qui n’avait pas d’enfant risquait la répudiation, et il n’était pas rare qu’un homme prenne une seconde épouse pour assurer sa descendance. Le contrôle de la sexualité de la femme était une nécessité pour maîtriser la reproduction en vue de contrôler la descendance en ligne agnatique, et sa base légale a toujours été le mariage. La femme doit être fertile et faire des enfants tandis que l’homme gère l’espace de la cité. Même si certaines femmes occupent des places de pouvoir, telle la pharaonne Hatshepsout21, elles ne remettent pas en cause le patriarcat, l’appropriation sociale du corps des femmes par les hommes et la filiation, dans ce cas précis, avec le dieu Amon-Rê. Il n’est pas anodin que la déesse dominant le panthéon égyptien soit Isis, figure de l’épouse et de la mère. Rappelons également l’existence de prêtresses dont la virginité était exigée, et le mépris pour les prostituées dont les hommes disposaient dans les « maisons de la bière » : « entrer dans la maison de la bière implique une conduite immorale de la part d’une femme22. »

L’opposition mère/prostituée participe à la construction de deux espaces dans lesquels les femmes évoluent différemment : la mère occupe l’espace privé ou domestique perçu comme bon et protecteur, tandis que les prostituées errent dans l’espace public, l’espace masculin, où elles sont livrées au plaisir des hommes. Que certaines d’entre elles jouent de la harpe et boivent de la bière ne change pas le fait que leur corps est à la disposition des hommes comme le corps de l’épouse est, par le mariage, à la disposition du mari. La volonté de l’homme définit ainsi les « qualités » des femmes selon les espaces dans lesquels elles évoluent. La promesse d’une sécurité dans la sphère privée cache le mépris des hommes pour la liberté et l’intégrité du corps de toutes les femmes, leur volonté d’instaurer une société androcentrée. C’est ainsi que toutes les activités exercées par des femmes hors de la sphère domestiques sont dévalorisées quand elles ne sont pas invisibilisées : lavandières, sages-femmes, nourrices, raccommodeuses, marchandes de légumes, etc. Cette invisibilisation est encore de mise dans nos sociétés modernes toujours androcentrées. Invisibilisation dans les recherches sociologiques et ethnologiques, par exemple, et invisibilisation dans la sphère productive comme la crise sanitaire du Covid l’a exposé : aides-soignantes, infirmières, caissières.

Cette stricte androcratie se consolide en Grèce antique où la séparation sphère privée et sphère publique se cristallise au point que les femmes sont considérées comme appartenant à une autre race (genos). Descendantes de Pandore, elles se distinguent de la race masculine : « Car c’est de celle-là [de la première femme] qu’est sortie la race des femmes en leur féminité. D’elle est sortie la race maudite, les tribus des femmes23 ». Les femmes ainsi naturalisées sont exclues des droits politiques et de la propriété de la terre. Trompeuses, débauchées, menteuses, excessives, elles sont dangereuses pour les hommes dont les qualités, a contrario, seraient la mesure, le contrôle de soi, l’honnêteté, la raison. Confinées dans la sphère privée au même titre que les esclaves et les enfants, elles subissent le pouvoir que les hommes exercent sur les non-citoyens et la société. C’est dans l’articulation entre ces deux sphères, féminine et masculine, que la politique étatique se renforce avec l’appui de la loi proposée par Périclès en 451 av. J.-C visant à assurer l’autochtonie athénienne : la filiation doit être bilatérale, et afin de s’en assurer, le mâle le plus proche de la mariée donne la femme en mariage, reconnaissant ainsi sa légitimité. Un homme proche de la mort est également autorisé à donner sa femme en mariage à un frère ou un neveu. La patrie est définie par trois aspects : cité, patrimoine, père. Un fils illégitime perd donc son droit de succession et son droit de cité. Le droit grec ne reconnaît la filiation qu’à partir du moment où elle est reconnue par le père, mais si ce dernier est le seul dans l’oikos à pouvoir reconnaître un citoyen, la cérémonie de présentation de l’enfant aux phratries, confréries qui regroupent des membres de plusieurs lignées, est indispensable pour que l’enfant soit reconnu par la cité. Le patriarcat familial est donc contrôlé par un patriarcat étatique. La famille aristocratique est bien évidemment le modèle de la cité. Les femmes y sont mariées vers quatorze ans24. La cité-état est constituée de maisons, de familles organisées autour d’un homme qui est à la fois père, maître d’esclaves et mari. L’unité économique est l’oikos formée par un couple et ses enfants. Idéalement, le maître de l’oikos possède également des esclaves, qui sont des outils animés bien plus que des personnes. Dans la Koinonia (communauté), trois relations sont élémentaires à la bonne reproduction de la société : la relation maître/esclave, mari/épouse, père/enfant. La famille est donc le lieu intermédiaire entre l’individu et la cité, et c’est le bon usage de cette unité domestique qui permet à la structure politique de la cité-état de se reproduire et de se maintenir. Pour Aristote, la famille est une nécessité naturelle visant à produire une nouvelle génération, comme il est naturel que l’homme commande et que la femme obéisse en vue de protéger la progéniture :

« L’homme est par nature plus apte à commander que la femme (sauf exception contre nature), l’âge et la maturité le sont plus que la jeunesse et le manque de maturité25. »

Il est donc naturel également que l’autonomie sexuelle des femmes soit contrôlée :

« La liberté accordée aux femmes est préjudiciable pour la constitution et le bonheur de la cité26 ».

Desmothène décrit les trois rôles principaux de la femme :

« L’hétaïre nous l’avons pour le plaisir, la concubine pour les soins quotidiens du corps, la femme pour avoir des enfants légitimes et comme gardienne fidèle des choses de la maison27. »

Être épouse et mère permettait aux femmes de disposer d’un statut légitime. Seules les femmes mariées à des citoyens pouvaient participer aux Thesmophories, fête en l’honneur de Déméter, déesse nourricière, de l’agriculture et de la civilisation. C’est aux limites de la cité qu’elles se réunissaient entre femmes durant trois jours afin de festoyer et d’assurer la prospérité des champs et la fécondité des femmes, le renouvellement et la permanence de la cité28.

Le contrôle de l’autonomie sexuelle, de la reproduction biologique nécessaire au maintien de l’État et des lignages, mais aussi de la reproduction sociale et idéologique, est organisé, les mères étant responsables de l’éducation des garçons jusqu’à l’âge de sept ans et de celle des filles jusqu’à leur mariage, tenues de leur inculquer les normes sociales en vigueur en vue de perpétuer l’État androcratique. Il est d’ailleurs remarquable que l’exploitation et l’oppression des femmes se renforcent au fur et à mesure du développement de la polis.

À Rome, au début de la République, les femmes étaient généralement mariées vers seize ans. Le paterfamilias était le seul propriétaire des biens de la famille, y compris de la dot de sa femme. Il possédait en outre un pouvoir absolu, de vie et de mort, sur ses enfants. La figure de la mère exemplaire apparaît sous les traits de Lucrèce : seul son suicide lui permet de préserver sa pudeur et sa chasteté après son viol. Encore une fois, si le mal fait à la femme dégrade l’homme de qui elle dépend, c’est à la femme qu’il incombe de s’en purger. Matrone idéale parce que chaste mais aussi d’une rare beauté, le mythe de Lucrèce illustre bien le destin tragique de la femme : « l’homme qui ordonne à la femme de le séduire, pour ensuite l’en châtier29 ». Pendant des siècles, en Europe, le pouvoir du roi sur son peuple reflétait celui des pères/maris sur les épouses, enfants et serviteurs. Le patriarcat était considéré comme ordonné par la volonté divine et existant depuis l’origine des temps.

Dès l’Antiquité et l’instauration des premières cités-États, une distinction nette se fait entre sphère privée et sphère publique. La femme honnête est confinée dans la sphère privée, dans la sphère domestique qui est également celle des enfants, des serviteurs, des esclaves, des animaux, de la basse-cour30. Cette sphère privée est éminemment politique, son contrôle permet à l’État de se perpétuer : cheptel humain, élevage des enfants, reproduction des normes sociales, transmission de l’asymétrie des genres. Les politiques natalistes accompagnent l’histoire de la civilisation, interdisant aux femmes le contrôle de leur fertilité, l’avortement, et/ou sanctionnant les mères seules en les maintenant dans la précarité. En France, l’Alliance nationale pour l’accroissement de la population française, fondée en 1896 par Jacques Bertillon, chef du bureau de statistiques de la ville de Paris, incarnait de manière particulièrement flagrante cette volonté nataliste. C’est en exigeant la protection de la maternité que les féministes du début du XXe siècle obtiennent les premières lois sociales de protection de la maternité en 1909 et 1913. Le contrôle de la reproduction est donc un enjeu primordial pour que les femmes se libèrent du joug patriarcal, certaines féministes réclamant le droit de ne pas être mère et insistant pour que la maternité ne soit plus naturalisée.

À partir des années 1960-1970, les mouvements féministes permettent aux femmes de ne plus être considérées comme mineures (1965), la contraception (1967) et l’avortement (1975) sont autorisés et l’autorité du père devient l’autorité parentale. La domination masculine ne cesse pas pour autant. Les féministes donnent alors au mot patriarcat une dimension plus large pour nommer l’exploitation systématique des femmes et signifier plus généralement le système de règles imposées par la domination des hommes. Ces derniers profitent en effet toujours de l’exploitation  domestique, familiale, ménagère, affective et sexuelle des femmes — exploitation invisibilisée et absolument nécessaire au travail payant et visible dit productif31. Le maintien des femmes dans la pauvreté est également une stratégie pour contrôler leur corps et leur force de travail – le nombre de mères sdf ne cesse d’ailleurs d’augmenter en France32. Les hommes leur rappellent, parfois avec violence, le travail qu’ils attendent d’elles. En 2019, cent-quarante-six femmes ont été tuées par leur partenaire ou ex-partenaire et vingt-cinq enfants mineurs sont décédés, tués par un de leurs parents dans un contexte de violences au sein du couple33. La violence qu’exercent les hommes sur les femmes est aussi une violence qui s’exerce contre les enfants, premières victimes de la culture du viol qui « encourage » et « autorise » l’inceste et la pédocriminalité.

C’est que l’État ne peut mener qu’une politique de proxénète. Le stigmate de la putain façonne garçons et filles dès leur plus jeune âge, que ce soit au sein de la famille, à l’école, via la publicité, le cinéma, le théâtre, la chanson, les spectacles. Tout rappelle sans cesse que la femme n’existe que par et pour les hommes.

Les quelques femmes au pouvoir ne mettent pas le patriarcat en danger. Le plus souvent, elles restent loyales aux hommes puissants, ne remettent pas en question les structures de domination, les hiérarchies sociales. Elles-mêmes ont parfaitement intégré l’asymétrie de genre, le mépris pour la femme et tout ce qui a trait à la féminité. Puisque le masculin est supérieur au féminin, il faut adopter les qualités dites masculines pour être « puissante » : compétition, agressivité, égoïsme. Pour accéder au pouvoir, il faut donc mépriser le féminin et ne pas hésiter à l’exploiter. La mise à mal du mariage n’a pas modifié l’asymétrie des genres, l’exploitation des mères et des domestiques. La menace du viol, que tout homme peut infliger à n’importe quelle femme à tout moment, est toujours aussi présente et impunie. L’exposition de la sphère privée dans la sphère publique ne permet pas non plus une émancipation, l’important n’étant pas tant la séparation de ces deux sphères que la réalisation effective des tâches ménagères et sexuelles qui incombent toujours aux femmes, et dont les mères célibataires et les prostituées sont les premières victimes. L’appropriation sexuelle des femmes est donc toujours effective, la société du spectacle et de la consommation s’en assure, la masculinité toxique ne pouvant s’épanouir sans l’exploitation et la dégradation constante du féminin. C’est pourquoi l’idéalisation des qualités dites féminines, l’inversion des valeurs de genre ne permettent pas de lutter efficacement contre l’idéologie viriliste, cette érotisation de la violence qui fonde l’hubris de la civilisation34.

Pour se libérer de cette appropriation, il est nécessaire de combattre la biogynophobie qui structure l’imaginaire civilisationnel.

De la biogynophobie35

La peur de l’utérus est présente dès les débuts de la civilisation et est consolidée en Grèce antique par les conceptions médicales et philosophiques.

L’être humain mâle, étalon de toute mesure, naturalise l’infériorité de la femme en s’appuyant sur l’anatomie, la physiologie et la psyché. De nombreuses analogies utilisées par les médecins hippocratiques confirment le corps mâle comme référentiel universel : « si les matrices tombent complètement hors des parties génitales, le tout pend comme un scrotum36». Hérophile, qui semble avoir été le premier à avoir pratiqué la dissection dans le monde grec, présente les organes de la génération chez la femme selon le modèle du corps masculin. Les traités gynécologiques hippocratiques décrivent l’utérus comme un animal sauvage porté par une volonté propre et qui n’existe que pour concevoir. Contemporain d’Hippocrate, Platon écrit : « Ce que, chez les femmes, on appelle pour les mêmes raisons matrice et utérus est un animal interne enclin au désir de faire des enfants37. » Le corps féminin est perçu comme structurellement hystérique : « Lorsque [l’utérus] est demeuré stérile longtemps après avoir dépassé l’âge propice, alors cet organe s’impatiente, il supporte mal cet état, et, parce qu’il se met à errer de par tout le corps, qu’il obstrue les orifices par où sort l’air inspiré et qu’il empêche la respiration, il jette le corps dans les pires extrémités et provoque d’autres maladies de toutes sortes38. » Le sauvage, la nature, la biologie sont du côté de la femme, assimilés au féminin tandis que l’homme est culture et transcendance. C’est pourquoi l’homme doit maîtriser l’animal femelle, contrôler l’utérus en vue de la reproduction des mâles qui sont ce qu’il y a « de meilleur et de plus divin39 » puisque, « de même que l’espèce humaine est la plus parfaite de tous les animaux, au sein de l’humanité l’homme est plus parfait que la femme, et la raison de sa perfection est sa plus grande chaleur, car la chaleur est l’instrument premier de la nature40 ».

La femme est le corps humain dont la seule finalité est reproductive. Le contrôle de cette reproduction est le principal devoir de l’homme civilisé devant assurer son lignage, sa descendance divine. Le dieu qui fonde la lignée athénienne est Apollon, dont le premier descendant humain est né du viol d’une princesse vierge, Créuse. Le lien entre stérilité et infanticide est explicite dans le mythe de la naissance et de la reconnaissance de Ion. Car la femme, quand elle n’est pas stérile, peut tuer l’enfant ou avorter ; elle est le principal fauteur de trouble. Aussi est-il important de la domestiquer. Les traités de gynécologies hippocratiques visent à s’assurer de la bonne docilité de la matrice des femmes parce qu’un utérus stérile ou ménopausé est dangereux. C’est pourquoi l’accomplissement de la femme doit passer par le mariage et la maternité. Les femmes qui ne sont ni épouse ni mère sont définies négativement41.

La procréation constituant la manifestation la plus probante de la santé de la femme, mais aussi de la puissance de la cité, la matrice féminine est responsable des désordres des femmes et de la reproduction en général. Les violences obstétricales, dénoncées depuis plusieurs décennies dans notre société42, trouvent leur origine dès l’Antiquité. L’obstétrique hippocratique est animée par un désir normatif et taxinomique. Le saignement menstruel d’une femme en bonne santé est minutieusement examiné et rationalisé en vue de déterminer ce qui fait un utérus sain. Des tentatives de définition de la durée, de la quantité, de la qualité et de la périodicité du flux menstruel constituant un cycle normal sont établies pour une généralité de femmes43. Leur sexe, et plus particulièrement leur rapport à la maternité, est toujours la cause des maladies des femmes grecques, lesquels ont pour remède général la grossesse et/ou le rapport sexuel : « Si elles ont des rapports avec les hommes, elles sont mieux portantes ; sinon moins bien. C’est que la matrice dans le coït devient humide et non sèche, elle se contracte violemment et plus qu’il ne convient ; et en se contractant violemment, elle fait souffrir le corps44. » Les maris comme les médecins doivent veiller à ce que la matrice, l’utérus, respecte les normes. Le col dévié sera redressé par des manœuvres mécaniques de type chirurgical, des pessaires seront appliqués, des fomentations et des fumigations, purgatifs et émollients administrés45.

L’idée selon laquelle femmes et hommes constituent deux espèces différentes perdurent au fil des siècles : au XIIIe siècle, Guillaume de Conches se demande si les femmes ne sont pas une espèce à part ; Acidalius, philosophe allemand du XVIe, affirme que les femmes ne font pas partie du genre humain mais qu’elles ont été créées par Dieu afin que l’homme se reproduise. Les médecins décrivent l’ambivalence du corps des femmes, qui dispose du privilège de la gestation mais peut aussi souffrir de stérilité, qui est à la fois faible et dangereux, porteur de la vie et de la mort. Platon, dont l’œuvre influence encore l’imaginaire contemporain, écrit : « le sexe féminin est, de sa nature et en raison de sa faiblesse, plus enclin que le nôtre au mystère et à la ruse46. »

Hippolyte dit rêver d’une reproduction humaine en mesure de se passer de la femme :

« Ô Zeus, pourquoi donc as-tu infligé aux humains ce frauduleux fléau, les femmes, en l’établissant à la lumière du soleil ? Si tu voulais propager la race mortelle, ce n’est pas aux femmes qu’il fallait en demander le moyen : contre de l’or, du fer, ou un poids de bronze déposé dans tes temples, les mortels devraient acheter de la semence d’enfants, chacun suivant la valeur du don offert47. »

Cette peur de l’utérus est également présente dans la Rome Antique, où le clitoris était également perçu comme un concurrent du pénis. Certaines sources laissent à penser que l’excision a pu y être pratiquée de manière ponctuelle48. Le médecin Soranos conseille aux futurs époux d’observer leur fiancée afin de s’assurer qu’elle ne présente pas une allure trop masculine ou des hanches trop étroites. Il décrit la matrice idéale comme ni trop sèche, ni trop humide, ni trop fermée, et l’importance de règles régulières — ce qui laisse supposer qu’un examen prénuptial pouvait être pratiqué. Des speculums en bronze et en étain ont d’ailleurs été mis au jour à Pompéi. Les menstruations passaient pour être douées de pouvoirs maléfiques puissants, tandis qu’après la ménopause, les envies sexuelles d’une femme étaient perçues comme des perversions.

En Grèce comme à Rome, la sexualité des vieilles femmes était fortement réprouvée. L’esthétique vénérait la jeunesse et la beauté, toutes deux l’apanage de la jeune femme. La femme ménopausée n’étant plus ni désirable ni féconde, devait donc s’abstenir de toute forme de sexualité49. Cette peur de la vieille femme réapparaît au cours de la chasse aux sorcières. L’iconographie des XVIe et XVIIe siècles ne manque pas de femmes laides, vieilles, lubriques, dangereuses, offrant leur corps au pénis du diable, s’adonnant à une copulation monstrueuse, sulfureuse et brutale50. Si les estimations du nombre de femmes accusées de sorcellerie varient, les historiens reconnaissent que la sorcière typique et sans doute la plus dangereuse était vieille. La médecine du début de l’époque moderne, avec ses humeurs, ses esprits vitaux et ses utérus errants, s’opposait fermement à ce que les vieilles femmes aient une activité sexuelle.

Cette crainte de l’utérus se double d’un sentiment de haine, la matrice étant ce qui offre la vie et donc la maladie et la mort, cette mort que Gilgamesh craint et rejette :

« (M’attend donc) en Enfer,

Une immense inaction :

(Et) un Sommeil

Interminable !

Mes yeux (auront beau) désirer revoir le Soleil,

Me soûler de lumière,

Profondes seront les ténèbres :

Sans la moindre clarté !

Quand donc un mort reverrait-il

Les feux du Soleil ?51 »

Le monde des morts, de la mort, est ténèbres et sommeil, un retour à l’immanence, au monde d’avant la naissance, de l’utérus glouton52. Gilgamesh ne veut pas subir le même sort que son ami Enkidu. Il part à la rencontre de l’homme immortel, Utnapishtim-le-lointain, qui lui raconte que les dieux voulaient supprimer l’humanité en raison de son encombrante multiplication. Que ce soit dans l’Ancien Testament — la perversité de Sodome et Gomorhe — ou dans l’épopée de Gilgamesh, la sexualité incontrôlée est condamnée par les dieux.

Gilgamesh doit pourtant accepter sa condition de mortel, comme le dit la sage Siduri, brasseuse de bière dans la taverne du bout du monde :

« Gilgamesh, où donc cours-tu ?
La vie que tu poursuis, tu ne la trouveras pas.
Quand les dieux ont créé l’humanité, c’est la mort qu’ils ont réservée aux hommes.
La vie ils l’ont retenue pour eux entre leurs mains.
Toi Gilgamesh, que ton ventre soit repu,
Jour et nuit réjouis-toi,
Chaque jour fais la fête,
Jour et nuit danse et joue de la musique ;
Que tes vêtements soient immaculés ;
La tête bien lavée, baigne-toi à grande eau ;
Contemple le petit qui te tient par la main,
Que la bien-aimée se réjouisse en ton sein !
Cela, c’est l’occupation des hommes53

Les hommes doivent mourir, lui rappelle la voix maternelle — les brasseuses de bière en Mésopotamie étant toujours des femmes mariées, la fermentation de la bière s’apparentant au four à pain que les Grecs comparaient à l’utérus.

Lorsque Enkidu revient à Uruk, il s’extasie sur la beauté de la ville. Celle-ci reflète la mégalomanie du pouvoir royal qui marque son territoire afin d’y inscrire pour l’éternité son glorieux passage. À défaut de l’acquérir réellement, les hommes se rabattent sur le gigantisme architectural en vue d’atteindre à l’immortalité… La société égyptienne n’était pas égalitaire devant la mort. Hormis les rois et, dans une moindre mesure, les reines, pourvus d’ensembles funéraires avec pyramides, seuls les notables, souvent parents royaux, disposaient d’un tombeau qu’on désigne sous le nom de mastaba. L’immense majorité de la population n’eut pour sépulture qu’une fosse en bordure du désert ou du village, où le mort est inhumé à même le sable, entouré des quelques objets de sa vie quotidienne. Et ceci est encore vrai de nos jours. Aux pyramides succédèrent les temples, les arcs de triomphe, les mausolées, les Panthéons, les chars du soleil et les pyramides du Louvre. Les moins illustres marqueront de leurs noms les rues, places et stations de métro. Toute ville est immortalisation du mâle dominant, d’où cette émulation virile incitant chacune d’entre elles à construire une tour plus haute que ses voisines ou à s’étendre plus loin. Le transhumanisme est l’idéologie qui accompagne cette quête de gloire et d’immortalité, et qui travaille à vaincre définitivement les contraintes de la biologie en contrôlant enfin et totalement la matrice.

Les recherches sociologiques et anthropologiques indiquent que la domination masculine, à des degrés divers, caractérise la quasi-totalité des cultures indigènes actuelles54. Cela ne signifie pas qu’elle soit inscrite dans la nature humaine. Les peuples indigènes contemporains, chasseurs-cueilleurs, pasteurs nomades, horticulteurs, n’étant pas représentatifs de notre passé : tous ont été en contact avec des sociétés néolithiques et étatiques, que ce soit de manière conflictuelle, coopérative, ou les deux. Les vestiges archéologiques suggèrent que l’extraction des métaux tient une place importante dans l’apparition des inégalités et dans la construction des premières villes au IVe millénaire avant notre ère55. Les premières traces de hiérarchisation, et notamment d’appropriation du corps des femmes, sont visibles dans les tombes d’accompagnement56. Quoi qu’il en soit, les civilisations constituent une forme d’organisation économique, sociale et idéologique particulièrement violente envers les femmes et les enfants : traite humaine en vue de l’exploitation sexuelle, prostitution, pornographie, maintien dans la pauvreté, exploitation dans les mines, dans les usines textiles, culture du viol, contrôle des naissances, meurtres de petites filles, reproduction de la hiérarchie, contrôle des corps en vue de répondre à des critères de beauté définis par et pour la sexualité des hommes ; violente aussi vis-à-vis du vivant dans son ensemble, zoos, expérimentation sur animaux, destructions des zones sauvages, etc., la liste est longue. L’envie de dominer les lois biologiques et la haine de l’utérus sont au cœur même de la folie qui s’est emparée de l’être humain mâle il y a plus de cinq millénaires. Seule une remise en question de la peur irrationnelle qui sous-tend la quête d’immortalité et la haine de l’utérus pourra mettre fin à l’extermination actuelle du vivant, au mépris que les « grands hommes » ressentent pour la vie sur Terre.

Le plus souvent, les documents nous permettant d’étudier la domination masculine dans la plupart des périodes historiques sont des discours et des regards d’hommes, concernant surtout les femmes des classes supérieures, celles-ci ayant été les premières à subir les préjugés androcentriques et les conceptions biologisantes de la féminité. Les tâches des femmes n’étaient pas identiques au sein des différentes classes sociales. Comme aujourd’hui, les femmes des classes inférieures exerçaient des activités de travail en dehors de la maison.

La violente domination masculine dont sont victimes les femmes et les enfants se perpétue grâce à différentes formes d’oppressions toutes liées les unes aux autres : androcentrisme, patriarcat, prostitution, mariage, idéalisation de la maternité, asymétrie des genres, misogynie, biogynophobie. La mise à disposition du corps des femmes à des fins sexuelles, ménagères et reproductives est un des piliers, et non des moindres, de ce fléau qu’est la civilisation, du cauchemar actuel.

Ana Minski

Correction : La sororité et N.C.


1Jean Bottéro, Mésopotamie, l’écriture, la raison et les dieux, 1997, Gallimard.

2L’Épopée de Gilgamesh. Le grand homme qui ne voulait pas mourir, traduit de l’akkadien et présenté par Jean Bottéro, 1992, Gallimard.

3Dominique Charpin, La Vie méconnue des temples mésopotamiens, 2017, Belles Lettres /Collège de France.

4Bottéro op.cit.

5Bottéro op.cit.

6L’Épopée de Gilgamesh op.cit.

7Bottéro op.cit.

8Bottéro op.cit.

9Paola Tabet, La grande arnaque : Sexualité des femmes et échange économico-sexuel, 2005, L’Harmattan

10 Joan Scott, « Le genre : une catégorie utile d’analyse historique », 2009, Diogène, n°225, Presses Universitaires de France.

11Françoise Thébaud, Écrire l’histoire des femmes et du genre, 2007, ENS.

12 Christine Delphy, L’ennemi principal, tome 2 : penser le genre, 2001, Syllepse

13Gail Pheterson, Le prisme de la prostitution, 2001, L’Harmattan

14Bottéro op.cit.

15Bottéro op.cit

16Tite-Live, Histoire romaine, tome 1, in Virginie Girod, Les femmes et le sexe dans la Rome antique, 2020, Tallandier.

17Denys d’Halicarnasse, Antiquités romaines, tome 1, in ibid.

18Van Gulick, La vie sexuelle dans la Chine ancienne, 1977, Gallimard.

19Colette Guillaumin, « Les corps appropriés » in Questions féministes n° 2, 1978.

20Bottéro, op.cit.

21Christiane Desroches Noblecourt, La femme au temps des pharaons, 1988, Le livre de poche.

22Code d’Hammourabi in Bottéro, op.cit.

23 Hésiode, Théogonie, in Nicole Loraux, « Sur la race des femmes et quelques-unes de ses tribus », Arethusa, Vol.

24Véronique Dasen, « Antiquité Gréco-romaine », in Annales de démographie historique, 2001/2 n° 102.

25Aristote, La politique, I, XII, Collection des Universités de France, aux éditions des Belles Lettres.

26ibid.

27Demosthène, Contre Neera, in Marcella Farioli « Rôles sociaux et dynamiques sociales de sexe en Grèce ancienne »Journal des anthropologues, 2017/3 n° 150-151.

28Louise Bruit Zaidman, « Déméter-Mère et les figures de la maternité », in Mètis : Mères et maternités en Grèce ancienne, N° 11/2013, EHESS.

29Françoise d’Eaubonne, Le féminisme ou la mort, 2020, Passager clandestin.

30Ana Minski, « Homo domesticus », sur le site www.partage-le.com consulté le 13/12/2020.

31 Nicole-Claude Mathieu, L’anatomie politique 2. Usage, déréliction et résilience des femmes, 2014, La dispute ; Christine Delphy, L’ennemi principal tome 1 et tome 2, 1997 et 2001, Syllepse.

32Clément Arbrun, «Il y a de plus en plus de mères SDF en France et c’est catastrophique », sur le site www.amp.terrafemina.com du 02/12/2019, consulté le 13/12/2020.

33 https://arretonslesviolences.gouv.fr, consulté le 13/12/2020.

34 Andrea Dworkin, Coïts, 2019, Syllepse ; Ana Minski, « Érotisation de la violence », sur le site www.partage-

35 La gynophobie, gynéphobie ou gynécophobie (du grec ancien γυνή, gunế, signifiant « femme » et φόβος, phobos, signifiant «peur») désigne la haine, le mépris et la peur irrationnelle des femmes. J’ajoute le préfixe bio (du grec βιος, bios, signifiant « la vie ») afin d’indiquer que la haine des femmes, et plus particulièrement de l’utérus, va de pair avec la haine et le mépris de la biologie, du vivant — ce dont témoigne le courant transhumaniste, avec sa peur irrationnelle pour la chair, la mort, la reproduction, sa quête d’immortalité au travers de l’homme bionique, du cyborg, ou au moyen de l’exploitation des cellules souches.

36 Hippocrate, De la nature de la femme, in Jean-Baptiste Bonnard, « Corps masculin et corps féminin chez les médecins grecs », Clio. Femmes, Genre, Histoire, n° 37, 2013, Belin.

37Platon, Timée, 1992, Flammarion.

38ibid.

39Aristote, De la Génération des animaux, 1961, Belles Lettres.

40 Galien, De uteri dissectione, J.-B. Bonnard, op. cit.

41 Lydie Bodiou, Pierre Brulé et Laurence Pierini, « En Grèce antique, la douloureuse obligation de la maternité », in Clio. Histoire‚ femmes et sociétés, n° 21, 2005.

42 Marie-Hélène Lahaye, Accouchement, les femmes méritent mieux, 2018, Michalon.

43 J.-B. Bonnard, op. cit.

44 Soranos d’Éphèse, Maladies des femmes., in J.-B. Bonnard op. cit.

45 Lydie Bodiou, « De l’utilité du ventre des femmes Lectures médicales du corps féminin, dans Penser et représenter le corps dans l’Antiquité », in Francis Prost, Jérôme Wilgaux, Penser et représenter le corps dans l’Antiquité, 2006, PU de Rennes.

46 Claude Humeau, Procréer : histoire et représentations, 1999, Odile Jacob.

47Euripide, Tragédies, tome 1, 1973, Belles Lettres.

48 V. Girod, op. cit.

49 V. Girod, op. cit.

50 Lynn Botelho, « Les Trois Âges et la Mort du peintre Hans Baldung ( XVIe siècle) », in Clio Femmes Genre Histoire, n° 42, 2015, Belin.

51 L’Épopée de Gilgamesh op.cit.

52 Ana Minski, « Civilisation et biogynophobie », sur le site www.partage-le.com consulté le 13/12/2020.

53L’Épopée de Gilgamesh. op.cit.

54 Paola Tabet, « Les mains, les outils, les armes », L’Homme, n° 3,‎ 1979.

55 Jean-Claude Margueron, Cités invisibles. La naissance de l’urbanisme au Proche-Orient ancien, 2013, Geuthner.

56 Ana Minski, « La fidélité des serviteurs », sur le site www.partage-le.com consulté le 13/12/2020 ; Alain Testart, La servitude volontaire, tome 1, Les morts d’accompagnement, 2004, Errance.